Portrait par Pascal Druelle
Biographie
Prendre des photographies me permet de me connecter avec le monde autour de moi.
Mon appareil photo est là, familier, rassurant, il est comme un écran protecteur entre les autres et moi. Mais il me fait aussi entrer en contact avec eux.
Photographier des artistes de cirque par exemple, des acrobates surtout, c’est se retrouver pris dans un mouvement rapide, des problèmes d’éclairage, d’angles de prise de vue, en permanence, avec comme seule aide sa technique et comme moteur son stress. Je dois créer mon propre univers dans l’instant, l’accorder à ce que je vois, là, juste sous mes yeux et qui la seconde d’après ne sera plus. C’est comme un tourbillon qui m’entraîne mais que je dois maîtriser en même temps pour en faire « quelque chose ».
C’est tout différent quand je prends en photo une vieille dame perdue au fond des bois comme Esther ou une femme entièrement tatouée comme Cléo. Je dois créer le respect mutuel. Là ce n’est pas le stress mais l’empathie qui me guide et c’est tout différent. Je regarde, écoute et les images se forment lentement dans ma tête. Il s’agit d’une relation plus profonde, cependant éphémère et fragile. Paradoxalement ce n’est pas difficile pour moi car, comme pour Cléo, parfois je parle le même langage que celles ou ceux que je photographie.
Je ne suis pas en train d’écrire une biographie avec ma formation, une liste d’expositions ou de publications dans des magazines. Est-ce que vous vous souvenez de la liste des prix et des expos des photographes que vous aimez ? Non, ce qui vous reste ce sont des images, certaines même restent en vous, au plus profond de vous, très longtemps.
Pour moi la photographie est simplement ce qui me permet de passer de l’autre coté de cette paroi de verre qui me sépare du monde et des autres.
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